Écrivez le message à votre mère lui annoncant que vous la visiterez le mois prochain
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CATÉGORIE: NON CLASSÉ
17 juin 2017
La friendzone en six leçons
La vie est une succession de friendzones. Entre deux moments où l’on arrive à se trouver quelqu’un et à vivre une vie « de couple » (où en tout cas une vie où l’exclusivité sentimentale et sexuelle est plus ou moins là, une vie où on se dit qu’on a trouvé l’homme de sa vie (ou au moins de quelque temps)), le reste n’est que friendzone. Je suis un spécialiste de la friendzone. Je devrais donner des cours de friendzone, créer une chaire. Elle s’intitulerait « Techniques et stratégies de l’échec amoureux ». Je suis sûr qu’elle aurait beaucoup de succès et ce contre toute attente. Bien sûr, au début, personne ne voudra suivre ce cours : qui voudrait avoir envie d’apprendre comment échouer en amour ? Mais ensuite, tout le monde verrait quels sont les avantages à suivre cet enseignement : puisque l’échec est bien souvent inévitable, autant le recevoir avec diverses techniques qui permettent de mieux le supporter.
Leçon numéro 1 : la disponibilité
Cela fait des mois que vous êtes amoureux en secret plus ou moins gardé de ce garçon, qui a tout pour vous plaire : il est spirituel, bien fait de sa personne, drôle. Vous avez des sujets de conversation et il lit des livres, ce qui ne court pas toujours les rues et qui est un de vos sine qua non. À plusieurs reprises vous lui avez témoigné de l’intérêt, et souvent lourdement. Mais qu’importe, il n’a pas fui. Comme vous êtes porté à l’échec amoureux, vous voyez dans cette absence de fuite un signe encourageant : s’il ne s’est pas détourné de vous en prenant ses jambes à son cou, c’est bien qu’il ressent quand même quelque chose (il se ment à lui-même, c’est sûr). Il y a donc une solution : il faut que vous soyez disponible. Dès qu’il vous appelle, vous répondez. Au moindre message, vous vous empressez d’envoyer vous aussi un message. S’il vous propose à une heure d’aller prendre un verre, vous acceptez et vous courez place de la Réunion où vous vous êtes donné rendez-vous.
Leçon numéro 2 : l’infatuation
Les Anglos-Saxons ont un mot très pratique qu’il est difficile de traduire vraiment en français. Ce mot, c’est « infatuation ». En gros, vous vous faites des montagnes, vous vous coupez les cheveux en quatre, vous ne pensez qu’à l’objet de votre désir, vous montez le moindre jaune d’oeuf d’attention qu’il vous porte en mayonnaise, et vogue la galère, vous êtes prêts pour des jours et des jours d’obsession et de rumination. Vous choisissez de prendre ce corps, cet être, pour objet de vos pensées, car après tout, il faut bien penser à quelque chose, et quitte à choisir, autant que ce soit lui. Seulement, au début de votre infatuation, vous ignorez encore qu’il sera plus difficile de se débarrasser de cette obsession que de perdre ces dix kilos qui vous alourdissent le ventre. Vous arrivez en avance place de la Réunion car il vient en taxi de République et au bar, parmi une foule déjà alcoolisée, vous commandez pour vous un demi de blanche et pour lui une coupe de champagne. Vous l’attendez sur la terrasse et enfin il surgit : c’est le point de départ d’un scénario parfait. Il est beau dans la nuit tombée et dans le vent froid, vous ne pouvez pas détacher vos yeux de ses yeux. Dans votre tête vous vous racontez plein de choses, vous échafaudez des plans et un avenir commun, vous regardez ses lèvres en désirant les embrasser.